Les bateaux

(cliquez sur les images pour les voir en taille réelle)

 

Un ancien bateau de pêche

 

 

Retour en haut de la page

 

Spécial Dragous

 

 Historique :

 

Réplique d’un petit chalutier à voile de la fin du XIXème siècle, le Dragous tire son nom de son métier : la drague au chalut à barre. Des bateaux de ce type et avec ce gréement spectaculaire (60 m2 de voilure pour 6,60m de longueur) existaient sur toutes les côtes de la Manche et même jusqu’en Vendée au siècle dernier. Ce gréement composé de deux voiles au tiers (parfois surmontées de huniers) et d’un foc sur un long bout-dehors était appelé lougre sur les plages du nord et en pays trégorrois, flambart sur les côtes normandes et à Locquémeau, canot à Granville et à Cancale, chaloupe en baie de Bourgneuf et Dragous en baie de l’Ebihen. Il se distingue du gréement de la Bisquine par la présence d’une bôme qui développe le taillevent au delà du couronnement arrière.

 

L’originalité des gens de Saint-Jacut et des différents ports aux alentours (Saint-Cast, Saint-Briac, Lancieux) est d’avoir conservé ce gréement tardivement, jusqu’à la guerre de 14 alors qu’il avait déjà disparu ailleurs.

 

La drague au chalut nécessitait 3 ou 4 hommes à bord : un patron, un ou deux matelots et un mousse. Les conditions socioéconomiques changent après la guerre et il devient impossible de payer quatre hommes avec les apports de la pêche. La plupart des pêcheurs locaux font alors construire des canots plus petits (canots jaguens : foc, grand-voile au tiers avec hunier et tape-cul)) qui leur permettent de naviguer seuls ou s’engagent sur des bateaux plus importants.

 

Dans les années trente et quarante, le gréement change encore pour celui de côtre macrotier (foc, trinquette, grand-voile et flèche). Si le métier principal de ces bateaux était la pêche (généralement drague des poissons de fonds : plies, raies, soles, mais aussi traîne ou lignes de fonds), il était parfois utilisé pour le transport. Rappelons nous que le réseau routier au tournant du siècle était moins développé qu’aujourd’hui, que les ponts sur l’Arguenon ou la Rance n’existaient pas, que pour aller de Saint-Malo à Saint-Cast par terre il fallait remonter jusqu’à Dinan dans des véhicules tirés par des chevaux.

 

Lors de la mise à l’eau de « Frotte Berniques » en 1988, les articles de journaux ont fait réagir une vieille dame au foyer logement de Matignon qui se rappelait qu’au temps de sa jeunesse, avant la guerre de 14, elle chargeait des bateaux de ce type avec des pommes qu’elle amenait au port du Guildo avec sa charrette tirée par deux chevaux en pointe.

 

 

Ci-contre le Frotte Berniques

Le chalut

 

La reconstruction :

 

Aucun bateau de ce type n’existait plus même à l’état d’épave. Un mini raz de marée avait détruit l’essentiel de la flottille jaguine peu avant la guerre de 14. Un dragous a continué de naviguer entre les deux guerres à la plaisance mené par un notaire de Saint Briac, monsieur Gétin. Quelques rares photographies permettaient de se faire une idée du gréement et des proportions de la coque mais c’était insuffisant pour une reconstruction fidèle.

 

Heureusement, un chercheur en histoire maritime, professeur à Rennes, Jean Le Bot a récupéré les plans des bateaux construits au chantier Lemarchand à La Landriais. C’est une découverte extraordinaire car, à l’époque, la plupart des charpentiers de marine construisaient sans plans en utilisant la technique de la demi-coque, maintenant considérée comme un objet de décoration mais qui était autrefois un outil de charpente navale. Jean Le Bot confiera à l’association deux plans dont l’un, annoté par le constructeur de la mention « bon et beau bateau » a servi en 1885 à construire le bateau d’un certain Macé, patron pêcheur à Saint-Jacut. Le plan de voilure complétait le tracé de la coque.

 

La décision de reconstruire a été prise par une poignée de passionnés d’histoire maritime, eux-mêmes membres généralement du centre nautique. Le centre nautique, association sportive, n’étant pas éligible à des aides en subventions émanant du ministère de la culture, une association spécifique est crée en décembre 1986. L’année 87 sera celle de la recherche du financement de ce projet. Aidé par la Fédération Régionale pour la Culture Maritime (FRCM) un dossier est constitué et une demande de subvention est déposée dans le cadre du contrat de plan Etat-Région. Parallèlement la municipalité de Saint-Cast puis le conseil général des Côtes d’Armor se montre intéressés et décident d’aider l’association. Au printemps 87, les subventions demandées étant accordées, la décision de construire est prise.

 

Des devis sont demandés auprès de différents constructeurs et c’est finalement Yvon Clochet, charpentier de marine à Plouguiel sur la rivière de Tréguier qui sera choisi. Celui-ci avait déjà construit pour le compte de l’école de mer du Trégor An Durzunel, réplique d’un petit lougre de Loguivy. Une maquette est construite par Gilles Godefroy, président de l’association, d’après un article de Michel Duedal, syndic des gens de mer à Saint-Jacut et passionné d’histoire maritime locale, publié dans le numéro 1 de la revue le Chasse Marée.

 

 

Yvon Clochet sur le chantier de construction.

 

 

Des discussions nombreuses sur des photographies d’époque permettront de se faire une idée vraisemblable de l’aménagement intérieur. Ces discussions étaient parfois passionnées : le débat « moteur ou pas moteur » a longtemps agité l’association. Finalement c’est la solution minimaliste qui a été retenue. L’objectif de l’association, dans une démarche patrimoine était de découvrir et faire découvrir les gestes et les techniques de la voile au travail et de se replacer dans les conditions technologiques de l’époque. Finalement, 10 ans plus tard, les affaires maritimes mettront un point final à cette question en obligeant tous les bateaux traditionnels à posséder un moteur.

 

Le traçage en vraie grandeur du plan est entamé par Yvon Clochet pendant l’été. Malheureusement l’ouragan d’octobre 87 va interrompre les travaux à peine commencés, Yvon étant très sollicité par les marins pêcheurs. Ce n’est qu’en février 1988 que les travaux reprennent mais ceux-ci vont avancer très rapidement car la mise à l’eau aura lieu le week-end de l’ascension devant son parrain Eugène Riguidel, sa marraine Colette Poirier et des centaines de spectateurs.

 

Premières navigations :

 

Les membres de l’association s’étant fait la main sur An Durzunel au cours d’une navigation musclée pendant les vacances de Pâques, ils s’estiment près à entreprendre une croisière le long des côtes bretonnes pour rallier Douarnenez et son rassemblement de voiliers traditionnels. Pendant trois semaines, sans moteur, avec une petite annexe à rames en remorque, une navigation sans histoire mais riche d’images inoubliables. L’entrée à l’Aber Wrach par le passage de la Malouine ou l’arrivée à Douarnenez lentement rattrapés par le Sedov, 4 mâts de 110 m toutes voiles dehors laisseront des souvenirs exceptionnels. Pendant 5 ans, l’association fera naviguer le dragous pour le plaisir des touristes de l’été et celui des membres de l’association qui se rendront à la plupart des rassemblements de voiles traditionnelles des côtes de Bretagne nord. En 1993, l’association fera une opération de fusion absorption avec le centre nautique, nouveau propriétaire.

 

Le Dragous aujourd'hui :

 

Caractéristiques techniques :

 

Longueur de coque : 6,60 m

 

Largeur : 3,05 m

 

Longueur hors tout : 12,50 m

 

Surface de voilure : 60 m2

 

Tirant d’eau : 1,40 m

 

Poids : 6 tonnes

 

Capacité en jauge : 6,5 tonneaux

 

 

(cliquez sur les images pour les voir en taille réelle)

Un Dragous

 

Maquette d'un dragous

 

Maquette d'un dragous

 

Retour en haut de la page